Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/240

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 42 —

moins chers ; mais nous ne manquerons point de jurisconsultes qui ne céderont en rien à ceux de l’université de Louvain, d’Oxford et de Salamanque. Certainement, tant qu’il y aura des hommes il y aura des plaideurs. Ne dirait-on pas qu’on ne plaide que dans les monarchies ? On plaidait à Athènes, à Rome, et on voit même, par leurs sacs, que les Romains étaient bien plus grands chicaneurs que nous. Il est vrai qu’il n’y aura plus vingt professeurs de droit intéressés à peupler le barreau d’ignorants, parce que leurs revenus croissent en proportion de l’ignorance et de la paresse ; mais les écoles de droit subsisteront cependant, avec cette différence qu’il y aura une véritable chaire, au lieu d’un comptoir. Il est vrai que Calchas n’aura plus cent mille livres de rente ; mais il ne faut à Thermosyris qu’une flûte et un livre d’hymnes, tandis qu’il faut à Mathan des tiares et des trésors. Il est vrai que le sieur Léonard ne fera plus crever six chevaux pour aller mettre des papillottes à Versailles, qu’il ne perdra plus cinquante mille livres sur la caution de son peigne ; mais les coiffeurs ne seront pas bannis de la République. L’esclavage des rois est secoué, mais pour charmer le songe de la vie, on a besoin de l’esclavage des femmes, et la galanterie française restera. L’auteur du Triomphe de la capitale croit-il que la liberté soit ennemie des spectacles et d’Aspasie ? Qui