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Comment ne se sont-ils pas écriés : Il a blasphémé. Certes je suis zélé partisan de la liberté de haranguer et de faire des motions ; moi-même j’ai besoin d’indulgence, veniam petimusque, damusque vicissim. Jamais je ne proposerai, comme le célèbre législateur Zaleucus, que celui qui viendra faire une motion ait la corde au cou, et pérore au pied de la Lanterne. Cependant proposer un veto absolu, et, pour comble de maux, des aristocrates à vie, à la nomination royale, je demande si on peut concevoir une motion plus liberticide.

Le Palais-Royal[1] avait-il donc si grand tort de crier contre les auteurs et fauteurs d’une pareille motion ? Je sais que la promenade du Palais-Royal est étrangement mêlée, que des filous y usent fréquemment de la liberté de la presse, et que maint zélé patriote a perdu plus d’un mouchoir dans la chaleur des motions. Cela ne m’empêche point de rendre un témoignage honorable aux promeneurs du Lycée et du Portique. Ce jardin est le foyer du patriotisme, le rendez-vous de l’élite des patriotes qui ont quitté leurs foyers et leurs provinces pour assister au magnifique spectacle de la Révolution de 1789, et n’en être pas spectateurs oisifs. De quel droit priver du suffrage cette foule d’étrangers, de suppléants,

  1. Voir Appendice, no III.