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On ne réfléchit pas assez combien ce veto[1] était désastreux. Peut-on ne pas voir qu’au moyen du veto, en vain nous avions fait chanter un Te Deum au clergé, pour la perte de ses dîmes ; le clergé et la noblesse conservaient leurs priviléges ? Cette fameuse nuit du 4 au 5 août, le roi eût dit : Je la retranche du nombre des nuits, je défends qu’on en invoque les décrets, j’annule tout, veto. En vain l’Assemblée nationale aurait supprimé les fermiers généraux et la gabelle, le roi aurait pu dire : veto. Voilà pourquoi {{|M. Treilhard}}, avocat des publicains, a défendu le veto jusqu’à extinction de voix. Il a bravé l’infamie et s’est dit comme Me Pincemaille dans Horace :

Populus me sibilat, at mihi plaudo.
Ipse domi, nummos simul ac contemplor in arcâ.

Je ne suis qu’une lanterne, mais je confondrais en deux mots ces grands défenseurs du veto, Mounier, Clermont-Tonnerre, Lally, Thouret, Maury, Treilhard, d’Entraigues, etc. En faveur de ce monstrueux et absurde veto, qui ferait de la première nation de l’univers, et de vingt-quatre millions d’hommes, un peuple ridicule d’enfants, sous la férule d’un maître d’école, ils ne savent que s’appuyer

  1. Voir Appendice, no IV.