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maintenir, quand le peuple, comme en Angleterre n’exerce sa souveraineté que dans le temps des élections.

Mais quand la nation, le souverain, est en activité permanente, comme autrefois à Athènes et dans Rome, et aujourd’hui en France, où le droit de sanctionner les lois est reconnu lui appartenir, et où il peut tous les jours s’assembler dans ses municipalités et sections, et révoquer ses mandataires infidèles ; on ne voit plus cette grande nécessité de maintenir l’équilibre des pouvoirs alors que c’est le peuple qui, de son bras de fer, tient lui-même suspendu les deux plats de la balance, prêt à en précipiter les ambitieux et les traîtres qui voudraient la faire pencher du côté opposé à l’intérêt général. Il est évident que le peuple nous a envoyés ici pour juger le roi, et lui présenter une Constitution. La première de ces deux conditions est-elle donc si difficile à remplir ? Et avons-nous autre chose à faire sur-le-champ que ce que fit le consul Brutus, quand le peuple le commit pour juger lui-même ses deux fils, et qu’il se servit de cette pierre de touche, comme il s’en sert aujourd’hui pour éprouver la Convention ? Il les fit venir devant son tribunal, comme vous devez faire venir Louis XVI devant vous. Il leur produisit les preuves de leur conspiration, comme vous devez produire à Louis XVI cette multitude de preuves accablantes de ses