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ment de m’expliquer. Il était une heure ou deux. Le comité de défense générale était garni, en ce moment, d’un assez grand nombre de députés, et je ne doute pas qu’il ne se trouve de mes collègues qui se rappellent très bien cette conversation.

« Il n’y a qu’à rire de vos efforts, leur dis-je, contre la Montagne, tant que vous nous attaquerez par le marais et le côté droit. On ne peut nous prendre que par les hauteurs, et en s’emparant du sommet comme d’une redoute, c’est-à-dire en captant les suffrages d’une multitude imprudente, inconstante, par des motions plus populaires encore que celles des vieux cordeliers, en suscitant des patriotes plus chauds que nous, et de plus grands prophètes que Marat. Pitt commence à s’en douter, et je le soupçonne de nous avoir envoyé à la barre ces deux députations qui vinrent dernièrement avec des pétitions, telles que nous-mêmes, de la cime de la Montagne, paraissions tous des modérés, en comparaison. Ces pétitions, l’une, je crois, des boulangers, et l’autre de je ne me souviens pas quelle section, avaient d’abord été extrêmement applaudies des tribunes. Heureusement nous avons Marat qui, par sa vie souterraine et ses travaux infatigables, est regardé comme le maximum du patriotisme, et a cette possession d’état si bien établie, qu’il semblera toujours au peuple, qu’au delà de ce que propose Ma-