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effet de la trahison chez quelques-uns, de la lassitude et de l'effroi chez le plus grand nombre, expliquent bien suffisamment ces variations, que l'on a souvent signalées dans les jugements de Camille sur ses contemporains.

Il faut remarquer aussi qu'au début de la lutte et avant la victoire, le côté gauche présente une certaine unité apparente dans son ardeur contre la cour, et qu'il est fort difficile d'apercevoir une notable différence d'opinions entre Lameth et Robespierre, Barnave et Mirabeau. Aussi Camille adresse-t-il indistinctement à tous les opposants des éloges l, qu'il retirera plus tard aux constitutionnels, pour les réserver aux républicains.

L'homme sur lequel il s'est le plus contredit, est Mirabeau : est-ce que Mirabeau ne s'est pas contredit lui-même ? Est-ce que l'orateur équivoque des derniers mois ressemble au tribun de 1789 ?

Au reste, ces divers jugements sur Mirabeau sont curieux à lire ; en voici quelques échantillons :

Mirabeau est d'abord pour lui, saint Mira-

i « Continuez de vous succéder tous à celte tribune, ô vous, nos généreux défenseurs ! Tribuns éloquents, Raynal, Sieyés, Chapelier, Target, Mounier, Rabaud, Barnave, Volney, et toi surtout Mirabeau, excellent citoyen, qui toute ta vie n'as cessé de signaler ta haine contre le despotisme, et as contribué plus oue personne à nous affranchir. » (La France libre.)