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mes intentions ne sont pas contre-révolutionnaires, comment avez-vous cru les propos qu’on tient dans certains bureaux ? comment les avez-vous crus plutôt que les discours de Robespierre, qui m’a suivi presque depuis l’enfance, et qui, quelques jours auparavant, m’avait rendu ce témoignage que j’oppose à la calomnie : qu’il ne connaissait pas un meilleur républicain que moi ; que je l’étais par instinct, par sentiment plutôt que par choix, et qu’il m’était même impossible d’être autre chose. Citez-moi quelqu’un dont on ait fait un plus bel éloge ?

Cependant les tape-durs ont cru Nicolas plutôt que Robespierre ; et déjà, dans les groupes, on m’appelle un conspirateur. Cela est vrai, citoyens, voilà cinq ans que je conspire pour rendre la France républicaine, heureuse et florissante.

J’ai conspiré pour votre liberté, bien avant le 12 juillet. Robespierre vous a parlé de cette tirade énergique de vers, avant-coureurs de la Révolution. Je conspirais, le 12 juillet, quand, le pistolet à la main, j’appelais la nation aux armes et à la liberté, et que j’ai pris, le premier, cette cocarde nationale que vous ne pouvez pas attacher à votre chapeau, sans vous souvenir de moi. Mes ennemis, ou plutôt les ennemis de la liberté, car je ne puis en avoir d’autres, me permettent-ils de lire cette pièce justificative ?