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gue française, par l’usage contre-révolutionnaire qu’ils en ont fait. Il est malaisé aujourd’hui de se servir de ce mot. Cependant, frères et amis, croyez-vous avoir plus de bon sens que tous les historiens, et tous les politiques, être plus républicains que Caton et Brutus, qui tous se sont servis de ce mot ? Tous ont répété cette maxime : « L’anarchie, en rendant tous les hommes maîtres, les réduit bientôt à n’avoir qu’un seul maître. » C’est ce seul maître que j’ai craint ; c’est cet anéantissement de la République ou du moins ce démembrement. Le comité de salut public, ce comité sauveur, y a porté remède ; mais je n’ai pas moins le mérite d’avoir le premier appelé ses regards sur ceux de nos ennemis les plus dangereux, et assez habiles pour avoir pris la seule route possible de la contre-révolution. Ferez-vous un crime, frères et amis, à un écrivain, à un député de s’être effrayé de ce désordre, de cette confusion, de cette décomposition du corps politique, où nous allions avec la rapidité d’un torrent qui nous entraînait nous et les principes déracinés ; si, dans son dernier discours sur le gouvernement révolutionnaire, Robespierre, tout en me remettant au pas, n’eût jeté l’ancre lui-même aux maximes fondamentales de notre révolution, et sur lesquelles seules la liberté peut être affermie, et braver les efforts des tyrans et du temps ?