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cales, c’est la douceur des maximes républicaines, c’est, ce res sacra miser, ce respect pour le malheur, que commande notre sublime Constitution ; je crois que la liberté, en un mot, c’est le bonheur ; et certes, on ne persuadera à aucun patriote, qui réfléchit tant soit peu, que faire dans mes numéros un portrait enchanteur de la liberté, ce soit conspirer contre la liberté.

Je crois en même temps, comme je l’ai professé, que, dans un moment de révolution, une politique saine a dû forcer le comité de salut public à jeter un voile sur la statue de la liberté, à ne pas verser tout à la fois sur nous cette corne d’abondance que la déesse tient dans sa main, mais à suspendre l’émission d’une partie de ses bienfaits, afin de nous assurer plus tard la jouissance de tous. Je crois qu’il a été bon de mettre la terreur à l’ordre du jour, et d’user de la recette de l’Esprit saint, que la crainte du Seigneur est le commencement de la sagesse ; de la recette du bon sans-oulotte Jésus, qui disait : Moitié gré, moitié force, convertissez-les toujours, compelle eos intrare. Personne n’a prouvé la nécessité des mesures révolutionnaires par des arguments plus forts que je n’ai fait, même dans mon Vieux Cordelier qu’on n’a pas voulu entendre.

Je crois que la liberté n’est pas la misère ; qu’elle ne consiste pas à avoir des habits râ-