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sans-culottes, en parlant de mon numéro V : « Voyez le bout de l’oreille aristocratique. Camille me reproche d’avoir été un pauvre frater, qui faisait des saignées à 12 sous. Vous voyez comme il méprise la sans-culotterie. » Cela est très adroit de ta part, Père Duchesne, pour faire crier tolle sur le Vieux Cordelier. Mais où est ta probité et ta bonne foi ? et comment peux-tu tromper ainsi les sans-culottes ? Je ne t’ai point dit que tu étais un pauvre frater, mais un respectable frater, ce qui emporte l’idée toute contraire de celle que tu me prêtes. Qui ne voit que, loin de mépriser ta véritable sans-culotterie d’alors, comparée à ta fortune présente, c’est comme si je t’avais dit : « Alors tu étais estimable ; alors tu étais respectable. » Avoue, Père Duchesne, que si Danton ne s’était pas opposé hier au décret contre la calomnie, tu serais ici bien pris sur le fait. Mais je me réjouis que l’heureuse diversion sur les crimes du gouvernement anglais ait terminé tous nos combats ; c’est un des plus grands services qu’aura rendus à la patrie celui qui a ouvert cette discussion, à laquelle je compte payer aussi mon contingent. En attendant, je n’ai pu me défendre de parer ici ton coup de jarnac.