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geait mort depuis la prise de Toulon ; et qu’il devait arriver immanquablement, qu’à son arrivée à Londres ce beau rapport ferait remonter le ministre aux nues, et lui ouvrirait toutes les bourses des Carthaginois ? Que Xavier Audouin et quelques patriotes à vue courte aient déclamé aux Jacobins le delenda Carthago, cela était sans conséquence, et pouvait passer pour l’effet de l’indignation du patriotisme dans ses foyers, tel fiert qui ne tue pas ; mais qu’à la tribune de la Convention, un membre du comité de salut public ait dit qu’il fallait aller détruire le gouvernement anglais et raser Carthage ; qu’il ait dit publiquement qu’il fallait exterminer le peuple anglais de l’Europe, à moins qu’il ne se démocratisât : en vérité, voilà ce qui est inconcevable. Quoi ! dans le même temps que Shéridan s’écriait dans la chambre des Communes : « La conduite des Français manifeste qu’ils n’avaient pas à cœur la guerre avec le peuple anglais ; ils ont détruit le parti de Brissot qui avait voulu cette guerre : je pense qu’ils seraient disposés à conclure avec nous la paix dans des termes honorables et avantageux à la République. J’appuie mon raisonnement sur la foi des décrets de la Convention, qui déclarent que la République a renoncé à la pensée de répandre ses districts au dehors, et que son seul but est d’établir un gouvernement intérieur, tel