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Cicéron blâme Caton d’écouter sa vertu intempestive qui nuit, dit-il, à la liberté, et lui-même lui nuit cent fois davantage, en écoutant trop son amour-propre, et en publiant la seconde Philippique qui rend M. Antoine irréconciliable. Cicéron oublie ce qu’il avait dit lui-même, qu’il y a des coquins, tels que Sylla, dont un patriote doit taire le mal, et respecter jusqu’à la mémoire, après leur mort, de peur que si on venait à casser leurs actes, l’État ne soit bouleversé. Le républicain qui ne sait pas sacrifier sa vanité, ses ressentiments, et même la vérité à l’amour du bien public, est aussi coupable que celui qui ne sait pas lui faire le sacrifice de son intérêt personnel. L’avarice n’a point fait plus de mal à la patrie que d’autres passions dont le nom est moins odieux. Par exemple, la jalousie du pouvoir et la rivalité, l’amour de la popularité et des applaudissements. Le patriote incorruptible est celui qui ne considère que le bien de la patrie, et dont l’oreille est aussi fermée et inaccessible aux applaudissements des tribunes ou aux éloges de ses souscripteurs, que ses moyens le sont aux guinées de Pitt.

LE VIEUX CORDELIER.

Je réponds, en un mot : dans les temps de Sylla et de Marc-Antoine, dont tu parles, si toute vérité n’était plus bonne à dire, c’est que déjà il n’y avait plus de république. Les mé-