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parce qu’il était piqué d’une lettre d’Aspasie : « Qu’avez-vous, lui dit le plus grave des Mentors ? Auriez-vous perdu votre bouclier à la bataille ? avez-vous été vaincu dans le camp à la course ou à la salle d’armes ! quelqu’un a-t-il mieux chanté ou mieux joué de la lyre que vous à la table du général ! » Ce trait peint les mœurs. Quels républicains aimables !

Pour ne parler que de leur liberté de la presse, la grande renommée des écoles d’Athènes ne vient que de leur liberté de parler et d’écrire, de l’indépendance du Lycée de la juridiction de police. On lit dans l’histoire que le démagogue Sophocle ayant voulu soumettre les jardins ou les écoles de philosophie à l’inspection du sénat, les professeurs fermèrent la classe ; il n’y eut plus de maîtres ni d’écoliers, et les Athéniens condamnèrent l’orateur Sophocle à une amende de 24,000 drachmes, pour sa motion inconsidérée. On ignorait dans les écoles jusqu’au nom de police. C’est cette indépendance qui valut à l’école d’Athènes sa supériorité sur celle de Rhodes, de Milet, de Marseille, de Pergame et d’Alexandrie. Ô temps de la démocratie ! ô mœurs républicaines ! où êtes-vous ?

Toi-même, aujourd’hui que tu as pourtant l’honneur d’être représentant du peuple, et un peu plus qu’un honorable membre du parlement d’Angleterre ; encore qu’il soit évident que jamais ni toi, ni personne, n’eût accepté