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de quiconque est en crédit aux Cordeliers ! et, pour n’en prendre qu’un exemple, oserais-tu dire que ce Momoro, qui se donne pour un patriote sans tache, et avant le déluge, ce hardi président qui, partout où il occupa le fauteuil, au club et à sa section, jette d’une main téméraire un voile sur les droits de l’homme, et met les citoyens debout pour jeter par terre la Convention et la République ; comme quoi ce même Momoro, le libraire en 1789, à qui tu t’es adressé pour ta France libre, retarda tant qu’il put l’émission de cet écrit, qu’il avait sans doute communiqué à la police, ayant bien prévu la prodigieuse influence qu’il allait avoir ; comme quoi Momoro, qui s’intitule Premier Imprimeur de la Liberté, s’obstinait à retenir prisonnier dans sa boutique, comme suspect, cet écrit révolutionnaire dont l’impression était achevée dès le mois d’août, comme quoi, la Bastille prise, Momoro refusait encore de le publier ; comme quoi le 14 juillet, à onze heures du soir, tu fus obligé de faire charivari à la porte de ce grand patriote, et de le menacer de la lanterne le lendemain, s’il ne te rendait ton ouvrage que la police avait consigné chez lui ; comme quoi Momoro brava ta grande dénonciation, à l’ouverture des districts et des sociétés, et que pour ravoir ton ouvrage, il te fallut un laissez-passer par écrit de La Fayette qui venait d’être nommé commandant-général, et dont