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vénient à entendre d’Églantine ; que les Brissotins eux-mêmes, dans leur plus violent accès de délire, avaient respecté dans Marat le caractère de représentant du peuple, et l’avaient laissé parler deux heures et tant qu’il avait voulu avant de l’envoyer à l’Abbaye. Au milieu de ces raisons décisives, Danton a été hué par ses collègues. Danton prétend qu’il était sur un mauvais terrain, il n’en est pas moins évident que ce décret est du plus dangereux exemple ; lui seul, il réduirait bientôt l’Assemblée nationale à la condition servile d’un parlement dont on embastillait les membres qui refusaient d’enregistrer les projets de lois, si les membres des comités étaient ambitieux et manquaient de républicanisme.

Déjà le comité nomme à toutes les places et jusqu’aux comités de la Convention, jusqu’aux commissaires qu’il envoie dans les départements et aux armées. Il a dans ses mains un des plus grands ressorts de la politique, l’espérance, par laquelle le gouvernement attire à lui toutes les ambitions, tous les intérêts. Que lui manque-t-il pour maîtriser ou plutôt pour anéantir la Convention et exercer la plénitude du décemvirat, si ceux des députés qu’il ne peut attirer dans son antichambre en faisant luire à leurs yeux le panache tricolore, récompense de leurs souplesses et de leurs adulations, il peut les contenir par la