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sant assez peu leur mission pour s’attacher aux doctrines, à la réputation d’un seul individu, quelque bon sans-culotte qu’il leur paraisse.
 

Libres ! vous voulez l’être ; soyez-le donc tout à fait ; ne vous contentez pas d’une liberté d’un moment, cherchez aussi quelle sera votre liberté dans l’avenir. Vous avez chassé votre Tarquin, vous avez fait plus, son supplice a effrayé tous les rois, ces prétendus maîtres du monde qui n’en sont que les tyrans et les spoliateurs. Mais pourquoi le pouvoir de Brutus dure-t-il plus d’une année ? Pourquoi pendant trois jours entiers, un homme, deux hommes, trois hommes, peuvent-ils distribuer des grades, des faveurs et des grâces ? Pourquoi est-ce à eux qu’on en doit la conservation et non à la République ?

Rome voulut dix législateurs ; ils pensaient n’être élus que pour un temps, ils restèrent bons sans-culottes ; une première prolongation leur donna l’espoir d’une souveraineté durable, ils devinrent tyrans.

Camille exilé par la voix publique ne se voyant aucun partisan, fait en partant des vœux pour une ingrate patrie ; Coriolan y laisse des amis qui ont osé le défendre. On a souffert qu’un parti dans l’État s’élevât en sa faveur, et il amène contre Rome les ennemis de sa gloire naissante.