Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/59

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semblée nationale, tant qu'elle fut environnée de dangers. Voyez, comme après l'insurrection du 14 juillet, ces représentants, depuis si avares envers la nation, s'empresseront de l'intéresser à la Révolution par les prodigalités de la nuit du 4 août, et d'épuiser en un moment leur corne d'abondance sur toute l'éten due de l'empire. De ce moment, la contre-ré volution devint impossible. » Malheureusement les constituants ont failli à leur tâche, et l'oraison funèbre de cette assemblée est faite en des termes où nous retrouvons en passant le ton habituel de Camille :

« L'Assemblée nationale ( e 1789, si pure à sa source et en sortant de dessous terre, puis corrompue dans la capitale, enfin si fangeuse et en si mauvaise odeur au moment où elle allait rentrer dans le sein de la nation et se perdre parmi le peuple français, vient de finir comme la rivière des Gobelins, qui, après avoir traversé les immondices de Paris, n'est plus qu'un égoùt, comme on sait, en arrivant à la Seine, au-dessous de la gare. »

La comparaison n'est pas flatteuse. Néanmoins Camille proteste de son respect pour la Constitution que cette assemblée a faite à la France ; mais ce qui diminue singulièrement la valeur de cette adhésion, c'est la conviction, nettement exprimée par lui, que cette Constitution n'est pas née viable, et les preuves dont il appuie son opinion :