Page:Oeuvres de Camille Desmoulins - Tome 1.djvu/70

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beaucoup moins modéré sur une. foule de points 1 . C'est une preuve de plus pour qui étudie d'un peu près cette époque, que les situations y ont été toujours plus compliquées qu'on ne le croit à distance, que les individus et les groupes y ont infiniment moins d'unité qu'on le suppose, qu'il est bien hasardeux de leur appliquer la même et invariable épithète, et qu'enfin les classifications absolues, fort raisonnables en histoire naturelle, sont le plus souvent un trompe-l'œil dans l'histoire de la Révolution.

Ce qui est assez singulier, après cette sortie si violente contre Brissot, c'est que Camille ne s'occupe de lui qu'incidemment dans le journal qu'il publia deux mois plus tard, laTribune des patriotes ; il est vrai que ce journal n'eut que quatre numéros, et n'a pas d'ailleurs ^rn caractère très marqué. La préoccupation d'alors pour Camille, c'est Lafayette ; il voit en lui une profondeur d'ambition, qu'aujourd'hui on ne lui impute guère ; voici le passage •

« Dans ma manière de voir (et jusqu'ici je ne me suis guère trompé ; on peut remarquer que j'ai toujours eu un ou six mois d'avance sur l'opinion publique) ; dans ma manière de

i On sait quels sentiments il avait professé antérieure ment sur la propriété, dans un ouvrage publié quelque » années avant la Révolution.