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Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/200

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Horace frémira, s’il sait que le hasard
En naissant l’a frappé de ce triste regard.
Sur la voûte des cieux notre histoire est écrite.
Dans ce livre fatal plus d’un Cardan médite :
Achetons leur faveur. Richelieu, Mazarin,
Vous-mêmes prodiguez vos bienfaits à Morin :
Ses yeux lisent un chiffre impénétrable aux vôtres ;
Qu’il vous fasse trembler, faites trembler les autres.
D’une éternelle nuit le peuple menacé
Rappelle par ses cris le soleil éclipsé.
Mais quel corps menaçant vient troubler la nature
Par son étincelante et longue chevelure ?
Qu’un si grand appareil annonce de fureur !
Vil peuple, il ne doit point te causer de terreur :
D’un important courroux ces députés sinistres,
Si ce n’est pour des rois, partent pour des ministres.
Le ciel a du loisir, ou nous fait trop d’honneur :
le seul cri d’un hibou peut nous flétrir le cœur.
De tes astres, ô ciel, n’éteins pas la lumière,
Verrons-nous sans pâlir tomber notre salière ?
Rassurez-nous, devins, charmes, enchantements,
Amulettes, anneaux, baguettes, talismans,
Et tant d’autres secours qu’embrasse une ignorance,
Si folle dans sa crainte, et dans son espérance.
De toutes nos erreurs quand le nombreux essaim
Dans l’Égypte produit, s’échappa de son sein,
L’amour d’un doux climat l’emporta dans la Grèce.
Un peuple qu’endormaient dans une longue ivresse
La musique, les vers, les danses, et les jeux,
D’Apelle, de Scopas, et d’Homère amoureux,