Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/207

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le froid la fait languir, la chaleur la dévore,
Et pour comble de maux son roi la déshonore.
L’être pensant, qui doit tout ordonner, tout voir,
Dans ses tristes états aveugle, et sans pouvoir,
Jouet infortuné de passions cruelles,
Est un roi qui commande à des sujets rebelles,
Et le jour de sa paix est le jour de sa mort.
Son état, tu le sais, attend le même sort :
Tout périra, le feu réduira tout en cendre.
Tu le sais dès longtemps : mais sauras-tu m’apprendre
Par quel caprice un Dieu détruit ce qu’il a fait ?
Que n’avait-il du moins rendu le tout parfait ?
S’il ne l’a pu ce Dieu ; qu’a-t-il donc d’admirable ?
S’il ne l’a pas voulu, te semble-t-il aimable ?
Tu t’efforces en vain, toi qui prétends tout voir,
D’arracher le rideau qui fait ton désespoir.
Pour moi j’attends qu’un jour Dieu lui-même l’enlève :
Il suffit qu’un instant la foi me le soulève.
J’en vois assez, et vais t’apprendre sa leçon,
Qui console à la fois le cœur et la raison.
Oui, le tout doit répondre à la gloire du maître :
L’univers est son temple, et l’homme en est le prêtre.
Le temple inanimé, sans le prêtre est muet.
Cet immense univers, de la main qui l’a fait
Doit par la voix de l’homme adorer la puissance,
Et rendre le tribut de la reconnaissance.
Ce tribut dura peu : l’ordre fut renversé,
Quand par le prêtre ingrat, le Dieu fut offensé.
La nature perdit toute son harmonie ;
Avec le criminel la terre fut punie,