Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/30

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Il est toujours tout piste et tout bon ; mais sa Grâce
Ne descend pas toujours avec même efficace :
Après certains momens que perdent nos longueurs,
Elle quitte ces traits qui pénétrent les cœurs.
Le nôtre s'endurcit, la repousse, l'égare,
Le bras qui la versoit en devient plus avare ,
Et cette sainte ardeur qui nous portoit au bien,
Tombe plus rarement, ou n'opère plus rien.


Sur cette importante question les Chrétiens devroient toujours tenir le même langage , puisqu'ils doivent s'accorder sur les deux grandes vérités qu'on ne peut nier sans abandonner la foi et la raison, je veux dire sur la puissance de Dieu, et la liberté de l'homme, car je ne parle point ici des hérétiques, dont les uns, de peur de détruire la liberté, ont nié la Grâce, et les autres, de peur de détruire la Grâce, ont nié la liberté. L'Eglise les condamne également, et reconnoît que nous faisons le bien et le mal librement, et que néanmoins nous ne faisons aucun bien que Dieu ne nous le fasse faire. C'est ce que nous sommes obligés de croire. Mais comme nous voulons aussi tâcher de le comprendre, nous avons cherché les moyens d'accorder la Grâce et la liberté. De là cette différence de langage entre nous, et cette contrariété de systèmes : contrariété qui devroit du moins ne point altérer l'union et la charité, puisqu'on doit convenir des deux vérités les plus importantes.

Les maîtres dont mon intention est de suivre la doctrine , sont les deux grands maîtres que l'Eglise a particulièrement reconnus pour les docteurs de la Grâce, saint Augustin et saint Thomas, dont les principes sont appelés par Alexandre VII : Tutissima cerdssimaque dogmata.

Les disciples de ces deux docteurs, quoiqu'unis de cœur ;