Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/54

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De son thrône à l’instant, d’un saint regret touché,
Il se leve, et s’écrie : il est vrai, j’ai péché.
Ainsi tombe, malgré ses sermens téméraires,
L’apôtre qui se croit plus ferme que ses freres :
Prêt à suivre son maître en prison, à la mort,
Nul obstacle à ses yeux ne paroît assez fort.
Il le croit, il le jure, et l’ardeur qui l’enflamme
Tout à coup va s’éteindre à la voix d’une femme :
Et même s’il gémit du plus grand des malheurs,
C’est au regard divin qu’il doit ses justes pleurs.
Mais Pierre abandonné, qui renonce son maître,
Et devient à la fois ingrat, parjure, traître,
Ranimé de la Grace ira devant les rois
Braver les chevalets, les flammes et les croix.
Que le juste à toute heure appréhende la chute :
S’il tombe cependant, qu’à lui seul il l’impute.
Oui, l’homme qu’une fois la Grace a prévenu,
S’il n’est par elle encor conduit et soutenu,
Ne peut, à quelque bien que son ame s’applique…
Mais à ce mot j’entends crier à l’hérétique.
Ne peut, c’est-là, dit-on, le jansénisme pur.
Dans ses expressions Luther est-il plus dur ?
Ainsi la loi divine, à l’homme impratiquable,
Impose sans la Grace un joug insurmontable.
Ah ! C’est-là le premier des dogmes monstrueux,
Juste objet de l’horreur d’un chrétien vertueux.
Mais vous qui transporté d’un zèle charitable
Voulez me mettre au rang des noirs enfans du diable ;
Signalez par vos cris votre sainte douleur.
Telle est de vos pareils la chrétienne chaleur :