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Page:Oeuvres de Louis Racine, T1, 1808.djvu/81

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Et votre heure fatale au ciel déja réglée
Jamais par vos efforts ne sera reculée.
Pourquoi donc dans les maux qui menacent vos jours,
De l'art des médecins cherchez-vous le secours ?
De leurs soins assidus que devez-vous attendre ?
Votre course est fixée, ils ne peuvent l'étendre.
Ah, malgré ces raisons, la crainte de mourir
A des secours douteux vous force de courir.
Où sont donc pour le ciel les efforts que vous faites ?
Pourquoi n'y point courir, insensés que vous êtes ?
J'ignore comme vous quel sort m'est réservé,
Mais pour me consoler vivrai-je en réprouvé ?
Non, pour mourir en saint, c'est en saint qu'il faut vivre.
Je me crois des élus, je m'anime à les suivre ;
Si mon sort est douteux, je le rendrai certain.
Je travaille, je cours, et ne cours pas en vain.
Des maîtres le plus doux, des peres le plus tendre,
Dieu m'appelle et me dit qu'à lui je puis prétendre ;
Que je suis son enfant ; qu'il veut me rendre heureux.
De mon esprit j'écarte un trouble dangereux,
Et loin que mon arrêt m'inquiette et m'allarme,
J'espere tout d'un dieu dont la bonté me charme.
J'envisage les biens que m'a fait son amour,
Comme un gage de ceux qu'il veut me faire un jour.
Pourquoi de ses faveurs comblé dès ma naissance,
Former pour l'avenir un soupçon qui l'offense ?
Non, j'y consens, qu'il soit seul maître de mon sort.
Il m'aime, du pécheur il ne veut point la mort ;
Il pardonne, il invite au retour salutaire
Celui qui s'accumule un trésor de colere.