tiques, pour pétrifier ensuite, par un charme magique, les vertes guirlandes du saule. Cette lumière, pâle et tremblante, découvrait les prophètes et les saints dont l’image était peinte sur le verre. Au milieu d’eux, Michel triomphant brandissait l’étendard rouge de la croix, et foulait aux pieds l’ange rebelle ; un rayon de lumière traversant ces vitraux sacrés teignait de la couleur du sang le marbre du pavé.
Ils s’assirent sur une pierre sous laquelle reposait un roi d’Écosse (6) ; alors le moine dit d’un ton solennel : — Je n’ai pas toujours vécu dans la solitude du cloître ; j’ai vu le pays des païens, j’ai combattu pour la croix sainte. Cependant aujourd’hui la vue de tes armes est étrange à mes yeux, et le son de ton armure est nouveau pour mon oreille.
— Dans ces pays lointains, le hasard me fit connaître le célèbre Michel Scott (7), ce magicien dont le pouvoir était si redoutable, qu’en élevant sa baguette dans la caverne de Salamanque, il faisait, quand il le voulait, sonner les cloches de Notre-Dame. Il m’apprit quelques-uns des secrets de sa science (8) ; je pourrais te dire, guerrier, les paroles qui partagèrent le sommet de l’Eildon et qui placèrent un pont sur la Tweed ; mais on ne pourrait les prononcer sans péché, et rien que pour y avoir secrètement pensé, je vais être obligé de faire triple pénitence.
— Quand Michel fut sur son lit de mort, des remords éveillèrent sa conscience ; il songea à ses fautes, et désira me voir près de lui sans délai. J’étais le matin en Espagne, et avant la nuit je fus au chevet de son lit. Ce qu’il me dit en mourant ne peut être répété….. Cette nef massive s’écroulerait et couvrirait sa tombe de ses débris.
— Je fis serment d’enterrer son livre tout-puissant,