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LA VEILLE

acier éprouvé. Au pommeau de sa selle était suspendue une hache d’armes qui pesait plus de vingt livres.

Le baron de Smaylho’me revint au bout de trois jours ; son front était triste et sombre ; son coursier semblait accablé de fatigue et ne marchait que lentement.

Il ne venait point d’Ancram-Moor où le sang anglais avait coulé par torrens ; Ancram-Moor, témoin des exploits du fidèle Douglas et du brave Buccleuch contre le lord Evers.

Cependant son casque était bossué et brisé, sa cotte d’armes percée et déchirée. Le sang souillait sa hache et son épée ; mais ce n’était point le sang anglais.

Il descendit près de la chapelle ; et, se glissant contre la muraille, il siffla trois fois pour appeler son jeune page qui portait le nom de William.

— Viens ici, mon petit page, dit-il, viens te placer sur mes genoux ; tu es encore dans un âge bien tendre ; mais j’espère que tu ne chercheras pas à tromper ton seigneur.

Dis-moi tout ce que tu as vu pendant mon absence, et surtout songe à me dire la vérité !… Qu’a fait ta maîtresse depuis que j’ai quitté le château de Smaylho’me ?

William répond : — Chaque nuit, la châtelaine se rendait à la clarté solitaire qui brille sur la cime du Watchfold, car d’une hauteur à l’autre les signaux nous apprenaient l’invasion des Anglais.

Le butor gémissait, le vent sifflait dans le creux des rochers ; cependant elle n’a pas manqué une seule nuit de suivre le sentier qui mène à la cime aérienne de la montagne.

J’épiai ses pas et je m’approchai en silence de la pierre où elle était assise. Aucune sentinelle n’était auprès du feu des signaux.

Mais la seconde fois mes yeux la suivirent encore, et j’aperçus…, je le jure par la Vierge sainte…, j’aperçus un chevalier armé à côté de la flamme solitaire.

Ce guerrier s’entretint avec ma maîtresse : mais la pluie