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CHANT PREMIER

tourent le château. Les guerriers, se promenant sur les remparts à travers les ombres du soir, paraissaient des hommes d’une taille gigantesque ; et leur armure réfléchissait le jour occidental comme une lumière éblouissante.

ii.

 La large et brillante bannière de Saint-George perdait peu à peu ses couleurs à mesure que le jour faiblissait de plus en plus ; la brise du soir suffisait à peine pour en dérouler les vastes et pesans replis sur le faîte du donjon. Les patrouilles de la nuit étaient parties pour leur ronde. Les portes du château étaient fermées, la sentinelle se promenait à pas mesurés sur l’arceau obscur du portail, et murmurait les sons à demi articulés d’un vieux chant de guerre des frontières.

iii.

Un bruit lointain de chevaux se fait entendre ; la sentinelle regarde de tous côtés, et distingue sur les collines de Horncliff un corps de cavaliers armés de lances, qui s’avancent précédés d’un pannonceau.

Un d’entre eux sort des rangs, tel qu’un éclair qui s’échappe d’un sombre nuage ; il presse de l’éperon le fier coursier qui le porte, il arrive sous les palissades des premières fortifications, et là sonne du cor : la sentinelle à ce son connu descend à la hâte pour avertir le gouverneur de Norham. Ce chevalier s’empresse d’appeler l’écuyer, le maître d’hôtel et le sénéchal.

iv.

— Qu’on perce un tonneau de malvoisie, qu’on serve un pâté de venaison, qu’on fasse abaisser le pont-levis, que tous nos hérauts s’apprêtent, que les ménestrels accordent leurs harpes, que la trompette sonne : c’est lord Marmion qui arrive ; qu’on l’accueille par une salve d’artillerie. — Aussitôt quarante yeomen de haute taille vont ouvrir les portes de fer et relever les herses pesantes ; la palissade est écartée et le pont-levis s’abaisse.