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NOTES DE LA VEILLE DE LA SAINT–JEAN

terne et retournait à son caveau, assurant ses voisins bienfaisans que, pendant son absence, sa retraite était arrangée par un esprit qu’elle appelait Fatlips[1] ; elle le représentait comme un petit homme portant des souliers de fer, avec lesquels il dissipait l’humidité des voûtes en foulant le pavé. Les gens sages regardaient avec pitié une femme qui leur semblait être privée de la raison ; mais le vulgaire ne pensait à elle qu’avec un sentiment de terreur. Elle ne voulut jamais expliquer la cause d’un genre de vie aussi extraordinaire ; on imagina qu’elle l’avait adopté après s’être engagée, par un vœu, à ne voir jamais le soleil tant que durerait l’absence de son amant. Son amant était mort dans la guerre civile de 1745 à 1746, et cette femme renonça pour jamais à la clarté du jour.

Le caveau porte encore le nom du prétendu esprit qui tenait compagnie à cette solitaire. Et il est plus d’un paysan du voisinage qui n’oserait y pénétrer.


  1. Fatlips, grosses lèvres.