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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/211

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quillages ornaient son chapeau ; le crucifix qui pendait à son cou venait de Lorrette. Le voyage avait usé ses sandales : il portait le bourdon, la bougette[1], la bourde et la cédule. Le rameau de palmier flétri qu’il tenait à la main indiquait le voyageur de la Terre-Sainte.

XXVIII.

Il n’y avait dans la salle aucun chevalier dont la taille fût plus haute que la sienne, et qui eût une démarche plus noble et plus fière. Il n’attendit point qu’on le priât d’approcher, et il alla se placer vis-à-vis le lord Marmion, comme s’il eût été son égal. Mais il semblait épuisé par la fatigue : son visage était ridé et abattu ; et, quand il essayait de sourire, il y avait quelque chose d’égaré et de sombre dans ses yeux. La mère qui lui donna le jour aurait eu peine à le reconnaître, en voyant ses joues pâles et ses cheveux brûlés par le soleil.

Ah ! comme les besoins et les privations, les voyages et les chagrins altèrent bientôt le visage de nos amis les plus chers ! La terreur peut devancer les années, et blanchir nos cheveux dans une nuit ; de pénibles travaux, rendre nos traits austères. La misère éteint le feu des yeux, et la vieillesse n’a point de rides aussi profondes que celles qu’imprime le désespoir. Heureux le mortel exempt de toutes ces peines ! ce pauvre pèlerin les avait toutes connues.

XXIX.

Lord Marmion lui demanda s’il voulait être son guide ; le pèlerin y consentit. Il fut convenu qu’aux premiers feux du matin on se mettrait en marche pour se rendre à la cour d’Ecosse. — Mais, ajouta le pèlerin, je ne puis rester long-temps en chemin ; des vœux solennels m’appellent au rivage de Saint-André, dans la caverne où, du matin au soir, le bienheureux saint Régulus mêlait ses cantiques à la voix mugissante des vagues. Mon pèlerin

  1. The budget, bourse de cuir. — Ed.