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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/263

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d’un ton peu élevé ; mais jamais paroles ne firent comme les siennes frémir tous ceux qui les écoutaient :

— Ma mère céleste, dit-il, m’envoie pour te prévenir de ne point faire la guerre. Un grand malheur t’attend ; mais si tu te refuses à cet avis, défie-toi doublement, roi d’Ecosse, des attraits d’une femme et de ses embûches au milieu des voluptés. Que Dieu daigne veiller sur toi.

— Le monarque surpris semblait chercher une réponse sans pouvoir en trouver une ; et, lorsqu’il releva la tête pour parler, l’envoyé céleste était déjà loin. Le maréchal d’Ecosse et moi nous avions couru pour l’arrêter à la porte : mais il disparut aussi rapide que le vent de l’orage, et comme un rayon du soleil qui tombe sur une vague et s’évanouit aussitôt. —

xviii.

Pendant que Lindesay faisait cet étrange récit, la nuit commençait à être si obscure qu’il ne put voir le trouble de Marmion. Après un moment de silence, le baron anglais répondit :

— Je croyais les lois de la nature si fortes, qu’il me semblait impossible que jamais leur cours pût être interrompu ; et il y a trois jours que j’aurais traité votre histoire de mauvaise plaisanterie ; mais depuis que j’ai passé la Tweed, j’ai des raisons pour tenir moins à mon scepticisme, et je suis devenu un peu plus crédule. Marmion s’arrêta, et parut fâché d’en avoir trop dit ; cependant pressé par cette émotion irrésistible qui nous fait un besoin d’épancher notre aine, alors même que nous ne pouvons révéler nos secrets qu’avec douleur, il raconta au roi d’armes la merveilleuse histoire de l’hôtelier villageois ; mais il ne dit pas un mot du pèlerin, de Constance et de Clara ; il n’attribua qu’à un rêve inquiétant les pensées qui avaient troublé son sommeil à Giffort.

xix.

— Vainement, dit-il, j’essayai de goûter un moment de repos : les mêmes pensées m’assiégeaient sans cesse et por-