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260 MARMION.

rais décrire toutes les collines et tous les vallons qu’ils parcoururent, tous les ruisseaux qu’ils traversèrent ; ils me sont tous familiers ; mais, pour éviter de longues digressions, je dirai seulement qu’ils se dirigèrent à travers les bruyères de Braid, et que, traversant la vallée de ce nom, ils franchirent la petite rivière qui l’arrose, et s’arrêtèrent sur la colline de Blackford.

XXIV.

O Blackford, j’ai souvent erré aux jours de mon enfance sur ton sommet inculte, cherchant les nids d’oiseaux parmi les buissons et les touffes du genêt. J’aimais aussi à écouter, mollement étendu, le murmure lointain de la ville, et l’harmonie solennelle des cloches de Saint-Giles, que m’apportait une brise légère. Aujourd’hui mes yeux aperçoivent depuis la colline jusqu’à la plaine les épis dorés de la moisson ondoyante ; tout est changé pour moi dans le paysage que je contemple, tout, excepté les rochers, et le ruisseau qui gazouille en fuyant. Hélas ! je crois entendre la voix plaintive de mes premières affections, depuis long-temps éteintes.

XXV.

Ces lieux sont bien plus changés encore depuis le jour où Marmion contempla, du haut de la colline de Blackford, les tentes guerrières qui couvraient la plaine de Borough-Moor. Plus de mille pavillons s’étendaient jusqu’à la ville, et formaient une enceinte irrégulière ; çà et là quelques chênes, derniers restes de l’ancienne forêt, dominaient par leur cime touffue ce rendez-vous de tous les soldats de l’Ecosse ; et, par la teinte de leur feuillage, reposaient l’œil fatigué de la blancheur uniforme du camp.

XXVI.

Depuis la contrée nébuleuse des Hébudes jusqu’aux plaines fertiles de Lodon, depuis la côte rocailleuse de Ross jusqu’aux forêts plus méridionales de Redswire, l’Ecosse avait envoyé tous ses guerriers. Marmion pouvait entendre le bruit sourd de cette multitude, le galop des

CHANT QUATRIÈM