Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/275

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royaume aussi peu considérable que celui d’Ecosse ait pu réunir tant de guerriers sous ses drapeaux. Ici sont des hommes d’armes revêtus d’une pesante cuirasse, semblables à des tours d’airain, montés sur des chevaux flamands, et armés de la hache et de la lance. Là des chevaliers et leurs écuyers forment un escadron plus agile, et exercent leurs coursiers dans la plaine. Ils leur apprennent à faire la passe et le saut, la demi-volte et les courbettes, pour mieux frapper du tranchant de l’épée le casque d’un ennemi. Marmion remarque le corps des bourgeois, qui ne portaient ni visière, ni panache ; mais leurs corselets étaient polis et brillans ; leurs hauberts et leur hausse-cols étincelaient comme l’argent. Les uns avaient de longues piques et des épées à double garde, les autres maniaient avec adresse une lourde massue, et se mettaient à couvert sous un large bouclier.

Les habitans de la campagne forment aussi un corps de fantassins vêtus d’une jaquette garnie d’acier ; chacun d’eux porte sur ses épaules des provisions pour quarante,jours, selon les statuts féodaux. Leurs armes sont la hallebarde, la hache ou l’épieu ; quelques-uns ont une arbalète, d’autres une dague et une épée. La plupart paraissent sérieux et même tristes, regrettant sans doute de quitter leurs chaumières chéries pour marcher vers une contrée étrangère, ou rêvant à leur charrue et à leurs sillons. Mais leurs yeux n’expriment toutefois aucune lâche terreur ; leur colère est plus à redouter que celle de ces guerriers qui, méprisant les périls, sont accourus avec empressement au champ de bataille, et dont la valeur ressemble à la flamme de la paille légère qui éblouit au loin, mais qui s’éteint aussitôt.

IV.

Tels ne sont pas les Écossais des. frontières ; nourris dans les périls, ils ont tressailli de joie en entendant résonner le signal des batailles, avec lequel ils sont familia-