moindre espérance d’un traité, il serait peu courtois de vous dire, Retournez à Lindisfarn : attendez donc que mon héraut soit de retour. Demeurez à Tantallon, ce sera le grand Douglas qui sera votre hôte ; c’est un seigneur qui ressemble peu à ses ancêtres ; il porte leur devise sur la lame de son épée, et leurs bannières sur ses tours ; mais il aime mieux contredire son souverain que de combattre les ennemis de son pays. — Et maintenant que je m’en souviens, par saint Etienne ! on m’a envoyé ce matin une prise qu’a faite une galère de Dunbar ; c’est une compagnie de religieuses, véritables prémices de la guerre. Je veux que ces saintes filles, chevalier, retournent dans leur cloître sous vos auspices ; et pendant qu’elles demeureront au château de Douglas, elles pourront y prier pour l’ame de Cochrane[1]. En prononçant le nom de ce favori immolé jadis à la vengeance du comte Angus, le monarque sentit le trait aigu du remords, et son front se couvrit d’un nuage de dépit et de honte.
Douglas ne put rien répondre ; son cœur battait avec tant de violence qu’il était sur le point de se briser. Il détourna la tête, et une larme brûlante descendit sur ses joues (7). Le roi, attendri de sa douleur, lui prit la main : — Par l’ame de Bruce, dit-il, pardonne-moi, Angus, ces propos irréfléchis, car je puis dire de toi ce qu’il disait jadis des anciens Douglas : Jamais roi n’eut des sujets plus francs, plus courageux, plus tendres et plus fidèles[2]. Pardonne-moi, Angus, je te le demande encore.
Pendant que Jacques pressait sa main, les larmes du vieillard coulèrent par torrens. Marmion voulut profiter