Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/315

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XXII.

Marmion lui-même mit le pied à l’étrier en disant à peine adieu au saint abbé ; encore moins daigna-t-il écouter la prière qu’il lui fit de laisser Clara dans le couvent. Il dirigea sa troupe du côté de la Tweed, en se disant à lui-même : — Le faucon qui tient la colombe entre ses serres la céderait-il pour plaire à l’épervier ? Ce bon abbé doit avoir peur de lord Angus… Il est plus sûr pour moi d’emmener Clara.

A la vue de la Tweed, le chevalier s’élança bravement dans le gué du Leat, voulant forcer par son exemple ses écuyers et ses vassaux à le suivre sans hésiter, et il franchit dans un instant l’onde écumeuse. Eustace soutint Clara sur son palefroi, que le vieux Hubert guidait par la bride. Vainement la force du courant tendait à les entraîner ; ils parvinrent sur la rive méridionale du fleuve ; les autres archers de Marmion les suivirent de loin comme ils purent. Chacun d’eux tenait son arc élevé sur sa tête, précaution qui n’était pas inutile ; il fallait que les cordes fussent préservées de l’humidité, pour lancer ce même jour des traits rapides. Marmion s’arrêta un moment pour laisser prendre haleine à son coursier et faire aligner ses soldats. Il marcha ensuite vers l’armée de Surrey ; et, lorsqu’il se vit près de l’arrière-garde, il s’arrêta au pied d’une croix de pierre qui s’élevait solitaire sur une colline d’où l’on dominait la plaine.

XXIII.

L’œil pouvait suivre tous les mouvemens des deux armées ennemies, qui se préparaient à la bataille. Leurs lignes s’étendaient du sud à l’ouest. Déjà elles se saluaient par la voix tonnante du bronze, non par ce roulement continuel qui fatigue l’écho dans nos guerres modernes, mais par des salves qui se succédaient lentement.

Parvenu sur la colline, Marmion fit faire une halte : — Aimable Clara, dit-il avec douceur, demeurez près de cette croix, vous pourrez y être témoin de la bataille :