Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/339

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va se réfugier dans le défilé étroit des Trosachs : là, blotti dans un taillis épais qui laisse tomber sur sa tête les gouttes de la rosée et ses fleurs sauvages, il entend les limiers déçus frapper de leurs aboiemens les rochers , qui répondent seuls à leur voix menaçante.

IX.

Le chasseur suit ses chiens, et les encourage pour leur faire retrouver leur proie. Mais tout à coup son noble coursier s’abat dans le vallon le chasseur impatient veut en vain l’exciter du geste, de l’éperon et des rênes : tous ses travaux sont finis ; le pauvre animal est tombé pour ne plus se relever ! Emu par la pitié et ses regrets, le chasseur se lamente ainsi sur son coursier expirant :

— Je ne pensais guère , quand pour la première fois je guidais ta fougue naissante sur les rives de la Seine ; je ne pensais guère , ò mon incomparable coursier ! que tes membres agiles serviraient de pâture à l’aigle des montagnes d’Ecosse ! Maudite soit la chasse ! maudit soit le jour qui me prive de toi, ô mon coursier chéri !

X.

Il sonne du cor pour rappeler ses chiens d’une vaine poursuite : les chiens reviennent d’un pas ralenti et inégal ; ils se pressent à ses pieds, traînant la queue et baissant l’oreille. Pendant que les derniers sons du cor se prolongent dans la ravine, le hibou tressaille et se réveille ; l’aigle répond par ses cris ; les échos se renvoient tous ces sons, qui ressemblent bientôt à la voix lointaine d’un ouragan. Le chasseur se retire pour rejoindre ses compagnons ; mais il tourne souvent la tête , tant les sentiers qu’il parcourt lui paraissent étranges ! tant l’aspect bizarre de ces lieux excite sa surprise !

XI.

Le soleil couchant déroulait ses vagues de pourpre au-dessus de cet obscur vallon, et inondait de sa lumière chaque pic de la montagne ; mais aucun rayon ne pouvait percer la profondeur ténébreuse des ravines. Un double