Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/358

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des rois ; et quand je la place dans mes cheveux, ô Allan ! le ménestrel est obligé de jurer qu’il ne vit jamais couronne si belle !

Elle sourit, et orna ses noirs cheveux de ce diadème des champs.

X.

Son sourire, son doux langage et sa grâce dissipèrent la mélancolie du vieux barde. Allan-Bane la contemple avec le regard pieux de ces anachorètes qui voient venir à eux un ange pour les consoler. Les regrets de son cœur fier et tendre firent enfin couler ses larmes, et il répondit :

— O la plus aimable et la plus tendre des filles ! tu connais peu quels rangs et quels honneurs tu as perdus ! Que ne puis-je vivre pour te voir orner la cour d’Ecosse , où t’appelait ta naissance ! pour y voir mon élève chéris attirer tous les yeux par la légèreté de ses pas, faire soupirer les cœurs de tous les braves, et inspirer tous les ménestrels jaloux de célébrer la dame du cœur sanglant[1]

XI.

— Voila sans doute de beaux rêves ! s’écria la jeune fille (avec un ton léger, mais en laissant échapper un soupir) : cependant la mousse qui tapisse cette roche vaut pour moi un trône et un dais splendide ; je ne foulerais pas avec plus de gaieté les tapis de la cour que ce gazon émaillé de fleurs : mon oreille serait moins ravie d’écouter les accords du ménestrel royal que les tiens ; et, quant aux amans d’une noble extraction qui fléchiraient le genou devant mes charmes, toi-même, barde flatteur, tu avoueras que le farouche Roderic me rend ici un humble hommage. Le fléau des Saxons, l’orgueil du clan d'Alpine, la terreur des rives du lac Lomond, retarderait, à ma prière, une expédition dans le comté de Lennox... pendant un jour entier.

  1. (î) Armoiries des Doublas. Vòyez Marmion.— Ed,