Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/403

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line ; ses paroles sinistres ressemblaient au gémissement de la bise sous les portiques d’une église en ruines.

— Quelle est cette hache qui ose abattre les hêtres et les chênes dont les troncs consacrés forment l’enceinte où nous célébrons nos rites au clair de la lune ?

Qui vient ici chasser le daim que chérit la reine des fées ? Qui est assez audacieux pour porter la couleur des verts royaumes de la féerie ?

Pars, Urgan, pars, cours vers ce mortel ; car tu fus jadis arrosé de l'onde baptismale : le signe de la croix ne peut te faire fuir ; tu n’as rien à craindre des mots mystérieux.

Appelle sur la tête du téméraire la malédiction qui flétrit le cœur, et qui défend au sommeil de fermer les paupières de celui qui l’entend prononcer ! qu’il soit réduit à invoquer la mort, et que la mort soit sourde à ses vœux ! —

XIV.
SUITE DE LA BALLADE.

Qu’il est doux , qu’il est doux d’habiter sous l’ombrage des bois, quoique les oiseaux gardent le silence ! Alix prépare le foyer du soir ; son amant apporte le bois de la forêt.

Urgan parait : ce nain hideux, se place devant lord Richard. Le chevalier fait le signe de la croix, et se recommande à la protection du ciel.

— Je ne crains point ce signe redoutable, lui dit le fantôme menaçant ; je ne le crains point quand il est fait par une main sanglante !

Mais Alix, remplie de courage, lui répond sans hésiter ; — Si le sang souilla sa main, c’est le sang des bêtes fauves !

— Non, non, femme intrépide, dit l’esprit : le sang qui rougit cette main profane, c'est le sang de ta race ! le sang d’Ethert-Brand ! —

Alors Alix s’avance , et fait aussi le signe du salut : —