Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/408

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les rayons du soleil étaient immobiles sur les collines ; tout à coup le guide poussa un cri aigu.

— Murdoch, dit Fitz-James, serait-ce un signal ?

Murdoch répondit en balbutiant : — Je voulais effrayer par mes cris ce corbeau qui dévore une proie.

Le chevalier regarde, et reconnaît que c’est son noble coursier qui est devenu la pâture des corbeaux.

— Hélas ! mon coursier chéri, dit-il, il eût mieux valu pour toi, et pour moi peut-être, que nous n’eussions jamais vu les Trosachs... Murdoch, passe le premier,... mais en silence ; au premier cri, tu es mort.

Se méfiant l’un de l’autre, ils continuent leur route, muets tous deux et tous deux sur leurs gardes.

XXI.

Le sentier serpente autour d’un précipice... Soudain une femme, dont tous les traits sont altérés par les feux du soleil et les injures des tempêtes, se montre sur un rocher au-dessus du passage ; elle est couverte de haillons en désordre, elle promène autour d’elle des yeux égarés, considère tour à tour les bois, le rocher et les cieux, semble ne rien remarquer, et tout observer cependant.

Son front était couronné d’une guirlande de genêt ; sa main agitait avec un mouvement bizarre une touffe de ces plumes noires que les aigles abandonnent sur la cime des rochers. Elle avait été elle-même chercher ces dépouilles du roi des airs sur les cimes escarpées où les chèvres pouvaient à peine parvenir.

Elle découvrit d’abord le plaid montagnard, et jeta un cri aigu qui réveilla tous les échos d’alentour ; mais quand elle reconnut le costume des plaines, elle fit un rire insensé, se tordit les mains, pleura, et puis se mit à chanter...

Elle chanta... Sa voix peut-être dans des jours plus heureux se serait mariée aux accords de la harpe et du luth ;