Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/410

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une captive de la plaine dont la raison est égarée : elle fut enlevée dans une des excursions de Roderic, le jour même où elle allait recevoir la main d’un époux. Son fiancé voulut opposer une vaine résistance, et tomba percé par le glaive de l’invincible chef du clan d’Alpine sur les bords du Devan…

Je m’étonne de la voir en liberté ; mais elle échappe souvent à sa gardienne Allons, retire-toi, pauvre folle.

Et il la menaçait du bois de son arc.

— Si tu oses la toucher, s’écria Fitz-James, je te précipite du haut de ces rochers !

— Je te remercie, chevalier généreux, dit la folle en venant se placer auprès de Fitz-James.

— Vois les ailes que je prépare pour chercher mon bien-aimé à travers les airs. Je ne prêterai point à ce barbare vassal une seule de ces plumes pour adoucir sa chute... Non ! ses membres en lambeaux couvriront les rochers ; les loups viendront s’en repaître ; son plaid odieux, arrête par les ronces et les buissons, flottera dans l’air, et sera le signal qui rassemblera ces animaux dévorans autour de leur proie.

XXIV.

— Assez, pauvre fille ; calme-toi, lui dit le chevalier.

— Oh ! que ton regard a de bienveillance ! répondit-elle ; je veux reconnaître ta généreuse pitié. Mes yeux se sont flétris en versant des larmes ; mais ils aiment encore la couleur verte de Lincoln ; mon oreille est devenue insensible, mais elle aime encore le langage des basses terres. Mon William était aussi un chasseur : William avait su captiver mon amour ; son manteau était, comme le tien, couleur du vert feuillage. Les chants de ma patrie étaient si doux dans sa bouche !… Ce n’est point ce que je veux dire ; mais tu peux bien me deviner.

Après ces mots, sa voix, fréquemment entrecoupée, tour à tour lente et rapide dans ses modulations, fit en-