Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/426

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Roderic : — Es-tu donc si présomptueux, s’écrie-t-il, que tu oses proposer à Roderic de rendre hommage à ton roi, parce que tu as immolé un misérable vassal ! Roderic ne cède ni au destin ni aux hommes ; tu ne fais qu’attiser le feu de ma haine ! Le sang de mon vassal demande vengeance... Quoi donc ! tu hésites encore !... J’en atteste le ciel, je change d’opinion sur ton courage, et je reconnais en toi un de ces frivoles chevaliers de cour, indignes de ma courtoisie , et dont le plus beau laurier est une tresse des cheveux de leur dame.

— Roderie, je te remercie de ces derniers mots ; ils rendent à mon cœur toute son énergie, et acèrent la pointe de mon glaive. J’ai juré de tremper cette tresse de cheveux dans le plus pur de ton sang ; maintenant je renonce à la trêve et j’abjure la pitié. Ne pense pas toutefois, Chef orgueilleux, qu’il n’est donné qu’à toi seul d’être généreux : quoique d’un coup de sifflet je ne puisse faire apparaître un clan tout entier sur la cime des rochers et dans les taillis, je n’aurais qu’à sonner de ce cor pour rendre ta victoire plus que douteuse !... Mais n’aie aucune méfiance ; c’est fer contre fer que nous allons vider notre querelle.

Ils tirent en même temps leurs épées, et jettent le fourreau sur le sable ; l’un et l’autre regardent le ciel, le fleuve et la plaine, qu’ils ne reverront peut-être plus, et puis croisant leurs glaives et se menaçant du regard, ils commencent un combat douteux.

XV.

Roderic sentit alors de quel avantage aurait été pour lui son bouclier, dont les clous d’airain et la triple peau de buffle avaient souvent émoussé les coups du trépas. Fitz-James avait appris dans les climats étrangers l’art de manier les armes, et son épée était au besoin un bouclier pour lui ; il n’ignorait aucune des ruses de l’escrime ; tandis que le montagnard, plus robuste, mais moins habile, soutenait un combat inégal. Trois fois le fer du