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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/440

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luttant avec la vapeur de ce lieu, y font pâlir la flamme jaunâtre des torches. Le jour lugubre que la triste alliance de ces lumières produit sous les noirs arceaux, découvre des formes bizarres de guerriers, des figures qu’une barbe touffue et des cicatrices rendent hideuses, et dont l’aspect hagard est l’effet de la veille nocturne et de la débauche.

Une table de chêne était inondée de vin et couverte des débris d’un festin; des verres vides, des coupes renversées indiquaient quelle avait été, pendant la nuit, l’occupation des soldats : les uns dormaient sur le plancher et les bancs : ceux-là cherchaient encore à étancher leur soif; d’autres, refroidis par la veille, étendaient leurs mains sur les tisons mourans du vaste foyer, tandis qu’à chaque pas les pièces de leur armure se balançaient à leur côté avec un bruit sonore.

III.

Ces guerriers n’étaient point les vassaux qu’un seigneur féodal conduit aux combats; ils ne reconnaissaient point dans leur chef l’autorité patriarcale : c’étaient des aventuriers venus des pays étrangers pour suivre le métier des armes, qu’ils préféraient à tout. On reconnaissait parmi eux le sombre visage de l’Italien et le front basané du Castillan. L’habitant de l'Helvétie, amoureux de l’air des montagnes, respirait plus librement en Ecosse; le Flamand y méprisait le terrain ingrat qui récompense si mal les travaux du laboureur. Les rôles portaient des noms français et des noms allemands. Plus d’un exilé d’Albion venaient aussi, avec un dédain mal dissimulé, recevoir la modique paye de l’armée du roi Jacques. Tous ces soldats étaient d’une bravoure à l’épreuve, et habiles à porter la lourde hallebarde, l’épée et le bouclier : dans les camps, ils se livraient à une licence effrénée ; après le combat, rien ne pouvait contenir leur soif de pillage.

IV.

La fête et les débauches de la veille avaient encore relâché les liens de la discipline. Ils s’entretenaient de la ter-