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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome I, trad Defauconpret, 1830.djvu/48

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THOMAS LE RIMEUR


loin. Ils traversèrent des rivières, ayant de l’eau jusqu’au genou, et ne voyant ni soleil ni lune, mais entendant le mugissement de la mer.

XVI.

Il était nuit, et la nuit était sombre et sans étoiles : Ils marchèrent dans une mer de sang ; car tout le sang qui se répand sur la terre va se mêler aux ruisseaux de cette contrée.

XVII.

Ils arrivèrent enfin dans un jardin vert. La reine cueillit une pomme sur l’arbre, et l’offrant à Thomas : — Reçois, dit-elle, ce fruit pour ta récompense ; il te donnera une langue qui ne pourra jamais mentir.

XVIII.

— Je ne pourrai donc plus disposer de ma langue, dit Thomas ; vous me faites là un don précieux ! Je ne pourrai donc plus acheter ni vendre en quelque lieu que je me trouve ?

XIX.

— Je ne pourrai donc plus parler à un prince ou à un seigneur, ni demander aucune grâce à une belle dame !

— Silence ! reprit la reine en l’interrompant ; il en sera comme j’ai dit.

XX.

Thomas fut revêtu d’un manteau de drap uni ; il chaussa des sandales de velours vert, et pendant sept ans on ne le vit plus reparaître sur la terre.



SECONDE PARTIE

Ce sont surtout les prophéties attribuées à Thomas d’Erceldoune qui ont consacré sa mémoire parmi les enfans de sa nation. L’auteur de sir Tristrem serait allé depuis long-temps joindre dans la vallée de l’oubli Clerk de Tranent, qui écrivit les aventures de Schir Gawain. Mais, par bonheur, la même supersti-