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DE SIR TRISTREM
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Les deux chevaliers en viennent aux mains : ils fondent l’un sur l’autre ; le cheval de Moraunt est tué. Tristrem met pied à terre ; le combat est renouvelé à pied ; Tristrem est blessé dangereusement à la cuisse ; mais il assène un coup terrible à Moraunt, et lui fend le crâne ; son épée est brisée ; un fragment de la lame reste dans la blessure.

Tristrem se félicite d’avoir tué le miroir de la chevalerie d’Irlande[1]. Il retourne en Cornouailles, et les suivans de Moraunt emportent son corps. Le héros offre son épée à l’autel. Il est proclamé prince héréditaire de Cornouailles, et successeur de son oncle ; mais sa blessure, causée par une arme empoisonnée, empire de jour en jour ; tous les remèdes sont inefficaces : l’odeur de la gangrène éloigne tout le monde de sa présence, excepté son fidèle serviteur Gouvernayl.

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CHANT SECOND.

i à xv.

TRISTREM, abandonné de tous, demande au roi Marc un navire pour s’embarquer et quitter le pays de Cornouailles. Marc lui accorde à regret sa requête. Tristrem met à la voile avec Gouvernayl, son seul serviteur, et avec sa harpe, sa seule consolation. Il part de Carlion, et

  1. L’Amorant d’Irlande fut, en son temps, ung des bons chevaliers du monde. Il estoit grand et de si belle taille que chevalier pouvoit avoir. Les cheveux eust oncques crespés, le visage bel et plaisant ; moult chantoit bien ; les épaules eust droites et larges ; les bras et les poings eust longs, gros, carrez. Pas le bas estoit maigre, les cuisses et les jambes eust belles et grosses, à mesure armé et désarmé, estoit un des plus beaux chevaliers qu’on pouvoit veoir, et chevauchoit mieux que tout autre. Trop estoit bon ferreur de lance, et meilleur d’espée. Si hardy et si aspre estoit, qu’il ne craignoit rien à rencontrer. Tousjours cherchoit les plus périlleuses aventures : moult estoit craint et doubté par le monde. Doux et courtois estoit, fors aux demoiselles errantes, car il les hayoit à mort. Moult estoit aymé de bons chevaliers, gayères ne hantoit gens de religion. » (Manuscrit de la bibliothèque du duc Roxburgh) –Ed.