Aller au contenu

Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/113

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

oublier la fuite des heures ; tu le sais, quand rien ne les occupe, ces hommes turbulens sont prêts à se mutiner. Mais il vient d’accorder son instrument harmonieux… Voici un autre chant qui appelle notre attention.

xxx.
ALLEN-A-DALE.

Quels lieux, Allen-a-Dale, ombragent tes forêts ?
Allen-a-Dale, où sont tes troupeaux, tes guérets ?
« Je n’ai, répondait-il, ni troupeaux ni domaines,
« Mais de l’or pour gagner le cœur des châtelaines »
Venez donc deviner mon sort mystérieux ;
Devinez qui je suis, vous êtes curieux !

Voyez le beau coursier du baron d’Arkindale,
Écoutez-le vanter ses fertiles sillons,
Son lac et son château (11), ses bois et ses vallons.
Mais dites-moi, qu’est-il auprès d’Allen-a-Dale ?
Plus que le fier baron je suis maître en ces lieux ;
Devinez mon secret, vous êtes curieux !

Jamais Allen-a-Dale à la chevalerie
Ne daigna réclamer ses éperons dorés ;
Il ne saurait avoir ni rang ni baronnie,
Cependant à sa voix vingt glaives sont tirés.
Maint guerrier le voyant passer sur le Stanmore,
De loin le reconnaît, de son salut s’honore.

Allen-a-Dale aimait une belle aux yeux bleus,
La mère veut savoir son rang et sa famille.
Voyez, lui répond-il, cette voûte qui brille
Pendant l’obscure nuit d’astres si radieux :
Eh bien, c’est mon palais, éclairé pour ma fête ;
En est-il de plus beau pour abriter ma tête ?

Le père le refuse, et la mère en courroux
Lui défend de revoir sa maîtresse chérie !
Mais quel fut leur chagrin ! leur fille au rendez-vous
Va rejoindre l’amant qui l’avait attendrie.
Cet amant quel est-il ? — Vous êtes curieux !
C’était Allen-a-Dale au nom mystérieux.

xxxi.

— Tu vois, dit Denzil à Bertram, que, mélancoliques ou gaies, ses ballades parlent toujours un peu d’amour.