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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/130

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chevreuil, donne-moi ta carabine, je veut t’apprendre un art dont tu me remercieras avec joie, l’art de tuer un ennemi sans rien risquer soi-même.

xxvi.

Le farouche Bertram se traîne sur ses genoux et sur ses mains entre les bouleaux et les noisetiers jusqu’à ce qu’il se trouve vis-à-vis de Redmond ; il relève la carabine… Bertram n’avait jamais manqué de frapper juste quand son but était le cœur d’un ennemi… Ce jour eût vu périr le jeune Redmond, si Matilde ne s’était placée deux fois entre le sein de la victime et l’instrument de mort avant que le doigt de Bertram en eût pressé la détente. Le meurtrier murmura tout bas un terrible blasphème ; mais il ne put exécuter le nouveau crime qu’il méditait !… — Il ne sera pas dit, reprit-il tout bas, il ne sera pas dit que je t’ai donné ainsi la mort, beauté dédaigneuse ! — Et il se traînait un peu plus loin pour chercher un lieu plus propice, lorsque Guy Denzil s’approcha de lui : — Arrête ! Bertram, dit-il, ou nous sommes perdus… Arrête au nom de l’enfer… Une troupe nombreuse de cavaliers et de fantassins descend dans le vallon : … c’en est fait de nous s’ils entendent le coup de la carabine… Arrête, insensé ; n’avons-nous pas un projet plus sûr ?… Viens, ami, viens avec nous. Regarde dans ce sentier le capitaine de ces soldats qui a déjà mis le sabre à la main.

Bertram regarde, et reconnaît que la peur inspire à Denzil un conseil salutaire. Il maudit sa mauvaise étoile, s’éloigne en suivant les détours inconnus du bois, et arrive dans la caverne sur les bords de la Greta.

xxvii.

Ceux que Bertram, dans sa soif du sang, avait condamnés à la captivité ou à la mort, n’eurent aucun soupçon des embûches qui leur étaient dressées. Ils n’étaient occupés que de la lecture qu’ils écoutaient. Chacun d’eux resta assis sans défiance, pendant que le ciel retenait le