Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/21

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CHANT SECOND. 17

Je refuse pour cette nuit, répondit Harold, m’ais je reviendrai bientôt pour ne plus vous quitter. A ces mots il franchit d’un pas gigantesque le seuil de la porte, et disparaît dans l’obscurité,

XIII.

Étourdis un moment de cette visite inattendue, Wulfstane et Jutta passèrent bientôt de la crainte à la colère, et leurs reproches tombèrent d’abord sur la pauvre Metelill : — Ne lui avait-on pas défendu cent fois d’aller errer dans la forêt ! C’est vous, lui dit-on, qui êtes la cause du malheur qui nous menace ; retirez-vous, allez penser un peu à la sagesse et au repentir. Metelill obéit, et baigna bientôt sa couche de ces larmes que l’absence fait verser aux amans ; ou, si elle put enfin se livrer au sommeil, l’hommage du farouche Harold la poursuivit dans ses songes.

XIV.

A peine était-elle partie, que son père et sa mère tournèrent leur mauvaise humeur l’un contre l’autre. — Tu passes pour un chasseur hardi, s’écria Jutta, et tu as pu endurer une telle insulte ! — L’homme déclare la guerre à l’homme, répondit Wulfstane, il faut être sorcière pour attaquer les démons. Le sombre regard d’Harold, sa taille et sa force, n’appartiennent pas à un simple morteI... mais toi, qu’est devenue la promesse que tu m’avais faite ? Le lord William, le riche héritier du baron Ulrick devait être l’époux de Metelill. Tous les secrets dont tu es si fière ne servent-ils donc qu’à faire mourir la chèvre d’un paysan, ou à inonder ses semailles par les pluies d’automne ? Ne sais-tu que te traîner dans les marécages, ou troubler le sommeil d’un pauvre berger ? Est-ce là tout ce qui te vaut le nom de sorcière ; ce nom qui heureusement te livrera un jour aux charbons ardens de l’enfer ? Ne serait-ce pas le moment d’employer tes maléfices ? Mais je vois que tu auras besoin que cette flèche aiguë se charge de ta vengeance.

a. 2

18 HAROLD L’INDOMPT