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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/219

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mépris du sceptre adonisé ? Ma foi ! il aurait beaucoup à craindre : un rameau de ce vieux chêne serait ma baguette magique.

ii.

Ou, s’il est encore de trop bonne heure pour nos petits-maîtres aux larges pantalons, et si les désœuvrés s’éloignent rarement des allées sablées, grâce au ciel, la mode a créé des cœurs plus aventureux. La mode inspire des artistes qui dédaignent de suivre les règles de la vaste nature, et qui, dans leur art pédantesque, s’arrogeant le droit de la limiter, condamnent toute enceinte qui contient plus de trois pieds carrés. Ce bosquet pourrait bien leur paraître un heureux terrain pour y dessiner leurs perspectives étroites.

La mode encore a ses poètes, qui ont l’habitude de réciter leurs lais doucereux à la lueur de la bougie et en s’accompagnant du bruit des soucoupes, pendant que la liqueur succède au café. Quelques uns de ces bardes pourraient bien venir s’égarer ici pour y méditer un impromptu.

Si un chasseur allait survenir à la suite de son épagneul et en s’annonçant par ses bruyantes clameurs ; ou si quelque Juliette, possédée de la manie des comédies bourgeoises, s’avisait de choisir cet ombrage pour y répéter son rôle… Nous devons éviter avec le même soin peintres, comédiennes, poètes et chasseurs ; tous ces insectes qui voltigent dans l’atmosphère de la mode, hannetons, guêpes ou papillons, sont à craindre pour nous, rien n’est dangereux comme leur bourdonnement ou leurs chuchotemens.

iii.

Mais, ô ma Lucy, dis-moi, nous faudra-t-il long-temps craindre encore cet essaim frivole, et nous abaisser à dissimuler avec de lâches précautions les véritables sentimens de nos cœurs ? Tu n’as point de père ni de mère dont les justes désirs doivent disposer de la main obéissante