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224 LES FIANÇAILLES DE TRIERMAIN.

nemis de l’homme, comme un pauvre rustre qu’une fée s’amuse à égarer loin de sa chaumière ? Triermain serait-il l’objet de vos mépris insultans ? démons malicieux, je vous défie !

De Vaux portait une hache d’armes dont la lame quadrangulaire et le manche d’ébène avaient souvent été rougis du sang écossais. Il fait quelques pas en arrière, et lance sa hache contre la saillie proéminente d’un roc. Cédant à ce choc violent, qui peut-être aussi brisa quelque charme, un fragment s’en détache, et roule au milieu d’un nuage de poussière et d’un tourbillon de flammes. La bruyère est écrasée, la terre creusée par son passage, et les flots du torrent impétueux, arrêtés par sa : masse énorme, sont forcés de se détourner de leur cours.

XIV.

Quand le fracas eut cessé, Triermain regarda de nouveau sur l’éminence, et aperçut que le fragment du rocher avait découvert un escalier tournant, creusé dans le granit ; dont les marches tapissées de mousse lui offrirent un sentier commode pour gravir la hauteur : il parvient jusqu’à une plate-forme où il voit enfin devant lui le château enchanté de Saint-Jean. Il n’y avait plus de vapeur fantastique ni de météore surnaturel : l’édifice était éclairé par les rayons du soleil levant.

L’arche sombre du portail était flanquée de tours crénelées ; depuis plus de six cents ans ces remparts avaient supporté les attaques de la tempête, — et cependant leurs écussons armoriés n’étaient nullement altérés ; mais, du côté de l’orient, une tourelle s’était écroulée, et les débris récens étaient au milieu du torrent ;Tout le reste de_ l’édifice avait bravé les siècles. Sur le fronton de la porte on lisait cette inscription en caractères gothiques :

XVI. INSCRIPTION.

— La patience attend le jour marqué par le destin ; la