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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/242

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adoucie que reçoit la colline, quand les derniers rayons du jour dorent son éminence occidentale. Cet appartement séduisait les regards par les merveilles qui le décoraient ; un art magique y avait retracé avec leurs couleurs naturelles toutes les créatures vivantes : — toutes semblaient dormir ; le lièvre dans son gîte, le cerf sous la feuillée, l’aigle dans les airs entre la terre et le ciel. Nais quel tableau eût été capable de distraire les yeux de Roland quand il vit la fille d’Arthur sur son siège fatal ?

Le doute, la colère et la terreur avaient abandonné son visage ; elle avait oublié Je jour du tournoi, car en dormant elle souriait. Il semblait que, se repentant de son arrêt, le magicien charmait son long sommeil par des songes agréables.

xxxviii.

Cette beauté virginale dont l’âge tenait à la jeunesse et à l’enfance, ce siège d’ivoire, ce costume de chasseresse, ces bras et ces jambes nus attestent la vérité du récit de Lyulph. Le bord de ses vêtemens est encore teint du sang de Vanoc, et ses doigts pressent le sceptre d’Arthur. Les tresses noires de sa chevelure tombent sur son sein de neige ; la belle endormie avait tant d’attraits, que De Vaux accusa son rêve mensonger de ne lui en avoir montré naguère que la moitié. Il demeura quelque temps immobile, croisa les bras, et puis les mains ; tremblant dans les transports de sa joie, ne sachant comment détruire un charme qui durait depuis des siècles ; et, lorsque les paupières de Gyneth s’entr’ouvrirent lentement, il pensa avec crainte à ce que ses yeux allaient lui exprimer Saint Georges ! sainte Marie ! pourra-t-elle me regarder avec douceur ?

xxxix.

Le chevalier s’agenouille ; il saisit la jolie main de Gyneth, dont l’impression est si douce pour la sienne et pour ses lèvres… Le sceptre tombe… ; l’éclair brille ; le tonnerre gronde ; les tours et le donjon chancellent ; le châ-