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Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/33

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que sa voix fût entendue, il s’éleva au dehors un tumulte qui exprimait l’étonnement et la crainte ; tels sont les cris que pousse la foule rassemblée dans les rues, lorsqu’un incendie qui vient d’éclater excite à la fois sa curiosité et sa terreur. Ce bruit durait encore ; un bras puissant ébranle sur ses gonds l’énorme porte de l’église ; elle cède à ses efforts, les deux battans s’ouvrent, et les moines ont à peine le temps d’appeler à leur aide un ange ou un saint, que déjà Harold l’indomptable est au milieu du chœur de l’église.

iv.

— Voici le fils du vieux Witikind, le comte Harold, s’écrie-t-il ; craignez sa fureur, auguste prélat, et vous, chanoines en chaperon : Harold réclame les terres que conquirent ses ancêtres !

L’évêque promène autour de lui des regards troublés ; il voudrait prononcer un refus, et n’ose le faire ; il n’est pas de chanoine ni de diacre, cependant, qui ne consentit volontiers à jeûner une semaine pour se trouver en sûreté chez lui. Enfin, Aldingar reprend courage et répond avec fierté : — Tu demandes ce que tu ne peux obtenir : l’Église n’a point de fief à confier à un Danois privé du baptême. Ton père fut chrétien, et il a sagement consacré tous ses trésors à faire dire des prières pour le repos de son âme. Les fiefs qu’il avait reçus de l’Église sont redevenus la propriété de l’Église ; elle les a donnés à Anthony Conyers et à Albéric Vère, qui portent la bannière sacrée de saint Cuthbert lorsque les guerriers du Nord viennent piller les rives du Wear ; cesse donc de troubler notre chapitre par des reproches ou des outrages, et, retourne en paix comme tu es venu.

v.

Le farouche païen le regarde avec un amer sourire : — Conyers et Vère, dit-il, sont dispensés de remplir ce pieux devoir ; un espace de six pieds dans votre chœur, un bouclier de pierre, une cuirasse de plomb, voilà tout ce