Page:Oeuvres de Walter Scott,Tome II, trad Defauconpret, 1831.djvu/78

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72 ROKEBY.

voix qui l’appelle ? Qui vient à lui dans cette heure solitaire ? C’est son père, les yeux hagards, et frissonnant encore de l’entrevue qu’il vient d’avoir avec Bertram.

— Wilfrid ! dit-il, quoi donc, tu ne dors pas ! tu n’as point de soucis, cependant, qui bannissent le sommeil de tes yeux. Mortham a perdu la vie à Marston-Moor, et Bertram vient avec la mission de s’assurer de ses trésors, pour les besoins de l’État et le bien-public. Les serviteurs de Mortham t’obéiront. Il faut que Bertram remplisse ses ordres ponctuellement… Prends ton épée, ajoute tout bas le châtelain, prends ton épée ; Bertram est… ce que je ne puis dire. Le voici ; adieu.

3) CHANT SECOND 4) I.

La bise s’est tue en soupirant ; la lune a dissipé les nuages qui l’entouraient ; mais son disque pâlit, et va bientôt disparaître. Des vapeurs couronnent encore les collines de Brusleton, et la riche vallée de l’orient attend les premiers rayons du jour pour montrer sa plaine cultivée et ses rians bocages, ses tours gothiques et la flèche de ses clochers. Sur la rive occidentale de la Tees, les sinuosités inégales du Stanmore, les vallons agrestes de Lunedale, Kelton-fell et Gilmanscar avec sa ceinture de rochers, sont encore couverts du manteau des ombres, tandis que, couronné des premiers feux de l’aurore, le château de Barnard s’élève fièrement, comme le monarque de la vallée.

II.

Quel tableau se développe peu à peu aux yeux charmés de la sentinelle qui veille sur les remparts ! Elle voit la Tees poursuivre sa course rapide à travers les bois qui l’ombragent ; une vapeur légère trahit les détours de

CHANT SECOND. 73